Le Théâtre Anatomique
La salle appelée Théâtre Anatomique en raison de sa forme d'amphithéâtre caractéristique, fut imaginée en 1637 pour les cours d’anatomie par l’architecte bolognais Antonio Paolucci, dit « Levanti », disciple des Carracci.
Elle fut construite en bois de sapin et décorée de deux rangées de statues représentant, dans la partie inférieure, douze célèbres médecins (Hippocrate, Galien, Fabrizio Bartoletti, Girolamo Sbaraglia, Marcello Malpighi, Carlo Fracassati, Mondino de’ Liuzzi, Bartolomeo da Varignana, Pietro d’Argelata, Costanzo Varolio, Giulio Cesare Aranzio, Gaspare Tagliacozzi) et, dans la partie supérieure, vingt des plus célèbres anatomistes de l'École bolognaise.
La chaire du Lecteur, qui surplombe celle du Démonstrateur, est entourée de deux statues dites les « Spellati » (Écorchés), sculptées en 1737 à partir du dessin d’Ercole Lelli, célèbre céroplasticien de l’Institut des Sciences.
Au-dessus du baldaquin, une figure féminine assise, allégorie de l’Anatomie, reçoit en présent d’un angelot ailé, non pas une fleur mais un fémur.
La salle anatomique a subi de très graves dégâts durant les bombardements qui, en janvier 1944, détruisirent cette aile de l’édifice. Elle fut reconstruite juste après la guerre avec les sculptures en bois originales, qui, par chance, avaient été récupérées parmi les ruines.
LA DÉCORATION DU PLAFOND
Le plafond à caissons, réalisé en 1645 par Antonio Levanti, est orné de figures symboliques représentant quatorze constellations entourant Apollon au centre, dieu protecteur de la médecine.
Le choix du thème astrologique renvoie à la tradition de l’époque consistant à consulter les astres avant de réaliser les opérations chirurgicales ou d’administrer des médicaments, tradition qui relève d’une conception de la médecine qui naît de l’influence de la science diffusée par les Arabes dans toute l’Europe, dès l’époque de la conquête de l’Espagne.
L’astrologie était associée à la médecine, et chaque partie du corps était placée sous la tutelle d’un signe zodiacal. Par ailleurs, l’Astrologie figura parmi les disciplines étudiées, y compris à l’université bolognaise, jusqu’à la fin du XVIIème siècle.
Ainsi, la décoration du plafond reflète la conception de l’Homme et de sa vie biologique en rapport étroit avec la Nature et le Cosmos.
LES RESTAURATIONS
Le Théâtre Anatomique a subi différentes interventions au cours du temps. La plus considérable remonte à la reconstruction réalisée après le bombardement du 29 janvier 1944, qui l’avait touché de plein fouet mais, heureusement, sans détruire les sculptures et les blasons.
A l’occasion de cette restauration, le revêtement en bois des murs fut entièrement refait selon le dessin d’origine. Les anciennes statues y ont été réédifiées dans leurs emplacements d’origine.
En 2006, les problèmes de conservation du bois de sapin qui revêt la salle ont poussé l’Administration Communale de Bologne à prévoir une opération de restauration pour la conservation de la structure des murs et du plafond, étendue à toutes les décorations et les statues, menacées par les effets inexorables du temps qui passe et par la pollution.
Après le nettoyage du bois, l’examen de son état de conservation a permis de procéder ensuite à des traitements de prévention et de désinfection contre l’attaque des parasites, grâce à des substances antixylophages, hydrofuges et ignifuges.
L’intervention, d’un coût de 68 000 euros, a été financée en grande partie grâce aux gains du Jeu du Loto : en effet, c’est la restauration du Théâtre Anatomique qui est sortie vainqueure de l’édition du concours « Lotto per l’arte » (Loto pour l’art) de 2003, portée par le groupe Lottomatica.
Parmi les trois restaurations proposées par cette initiative en faveur de l’art dans la région Emilie Romagne, ce monument avait obtenu la première place. La Mairie de Bologne a ainsi pu recevoir une participation financière de 50 000 euros.
Le secteur des Travaux Publics de la Mairie de Bologne a pris en charge le projet de restauration qui a été conduit par la société spécialisée « Il Leonardo » de Bologne, ayant remporté l’appel d’offre.
Les travaux ont duré six mois, respectant les délais prévus pour rendre le plus vite possible à la ville ainsi qu'à ses nombreux visiteurs, d’Italie et de l’étranger, ce véritable bijou historique et artistique.